À l'ère de la résistance croissante contre les attaques réactionnaires du néolibéralisme conservateur, nous nous trouvons dans un processus où les femmes, qui sont les cibles de l'oppression et les premières victimes de toutes les formes de violence fondées sur la discrimination sexuelle, sont exposées aux formes les plus graves d'agressions néolibérales et néofascistes. En réponse à ce processus, la résistance croissante des femmes au Moyen-Orient, centrée sur le Rojava au Kurdistan, le mouvement"Jin Jiyan Azadi" qui a commencé en Iran et a inspiré les femmes du monde entier, les actions de "Rébellion" contre les Talibans réactionnaires et fascistes en Afghanistan, et les luttes des femmes pour le travail en Afrique, en Asie et en Amérique ont donné aux femmes du monde entier beaucoup d'espoir dans cette nouvelle période, ressemblant à une fleur perçant le béton grâce à leur quête d'une vie libre.
Le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui est caractérisé par des bouleversements sociaux massifs et des attaques néolibérales écrasantes contre les travailleurs. Les mouvements sociaux et politiques résistent aux impacts de l'exploitation économique et aux tentatives de décadence morale. Ces soulèvements font partie de la crise actuelle du capitalisme, qui se trouve dans une spirale mortelle de contradictions.
Au vu de tous ces problèmes et de leur capacité destructrice, il apparaît clairement que les crises du capitalisme ne sont pas faciles à résoudre. L'exploitation et l'oppression prévalent non seulement au niveau économique, mais aussi aux niveaux social, culturel et moral.
Cette profonde inégalité est une expression du système misogyne qui place les femmes au centre du débat sur la crise actuelle du capitalisme.
Elle affecte particulièrement les jeunes femmes qui sont encouragées à rejeter l'ancienne image des femmes conservatrices et traditionnelles, mais dont on attend qu'elles adoptent une vision qui considère la liberté individuelle comme la plus sacrée, tout en reproduisant la mentalité patriarcale, devenant des marionnettes de l'État patriarcal. Les jeunes femmes sont constamment dépouillées de leur identité et se sentent sans valeur.
Comme l'a dit Rêber Apo,
"Dans le système capitaliste, leur corps est disséqué comme celui d'un boucher, et un prix est attribué à chaque partie. Des cheveux aux talons, de la poitrine aux hanches, de l'abdomen aux organes génitaux, des épaules aux genoux, de la taille aux mollets, des yeux aux lèvres, des joues au cou, il semble qu'aucune partie n'ait été laissée sans valeur (montant/prix). Malheureusement, personne ne se demande si elle a une âme et, si c’est le cas, quel est son état d'esprit".
Cependant, l'esprit de la jeunesse et la lutte historique de toutes les femmes dans le monde s'unissent dans les jeunes femmes, à l'avant-garde de la révolution.
La vague de résistance et de changement initiée par les femmes avec Jin, Jiyan, Azadi (Femme, Vie, Liberté) a détruit toutes ces notions patriarcales et a donné de l'espoir aux femmes du monde entier. Les politiques néolibérales créent des divisions dans le domaine social et fragmentent la sphère politique, ce qui rend encore plus difficile la création d'une base unifiée pour la lutte. À ce stade, toute alternative à la fragmentation réactionnaire et néolibérale et à l'autoritarisme croissant semble impossible. Au milieu de cette invisibilité, il est particulièrement important de se souvenir des mouvements de libération de l'histoire et de souligner la résistance sociale et les soulèvements croissants à l'heure actuelle, de la Syrie à l'Iran, du Kurdistan à la Turquie, de l'Inde au Chili.
Les jeunes femmes, qui sont victimes d'une oppression et d'une violence brutales, continuent d'être à l'avant-garde de la mobilisation mondiale. Le massacre des combattants des YPJ et YJA STAR par les armes chimiques, le meurtre de militants kurdes travaillant en Europe, l'enlèvement de femmes à Afrin, l'exécution de femmes en Afghanistan et en Iran ne sont que quelques exemples de la cruauté de la guerre menée par les États-nations contre cette lutte des femmes en plein essor. Les femmes qui sont les plus exposées aux coups du capitalisme en crise continuent d'être au centre de la lutte avec leur forte participation aux soulèvements populaires au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie et à Abya Yala (Amérique latine).
Les tendances capitalistes et la vague néolibérale ont exacerbé leurs impacts sexospécifiques dans le monde entier. Elles ont intensifié la violence, l'oppression et l'exploitation des femmes.
D'un autre côté, tout cela a accéléré l'organisation anti-néolibérale et socialiste de toutes les femmes, comme on peut le voir au Rojava, en Iran, au Venezuela et en Afghanistan.
Cette tentative de l'État de contrôler le corps des femmes a déclenché des protestations de la part des organisations féministes du monde entier, comme en Argentine, où les femmes sont descendues en masse dans les rues avec des mouchoirs verts, symboles de la lutte pour la légalisation de l'avortement.
En Bolivie, les femmes sont une fois de plus à l'avant-garde des manifestations contre le coup d'État perpétré contre Evo Morales et le Mouvement pour le socialisme (MAS) en 2019. Depuis le coup d'État, le gouvernement au pouvoir a humilié et persécuté l'ensemble de la population rurale et les peuples indigènes. Les manifestations de femmes revendiquaient un changement de gouvernement, la libération des femmes et des peuples autochtones.
Au Brésil, après l'arrivée de Bolsonaro au pouvoir, de nombreuses femmes se sont mobilisées. La célèbre marche Ele Não (« Pas lui ») en septembre 2018 a été la plus grande manifestation de l'histoire du Brésil. Des milliers de femmes et d'hommes ont rempli les rues de plus de 114 villes brésiliennes contre la montée de la misogynie et contre le candidat ultraconservateur Jair Bolsonaro.
Au Kurdistan, des milliers de combattantes des YPJ (Unités de protection des femmes) ont rejoint la lutte pour les femmes et la terre, contre les attaques des gangs d'ISIS (État islamique de Syrie et d’Irak) au Rojava et au Shengal, sachant comment protéger ces zones. Les tentatives de l'armée turque d'envahir le Kurdistan ont été contrecarrées par les guérilleros des YJA-Star, qui ont combattu et gagné contre l'ennemi sur un pied d'égalité malgré l’asymétrie de moyens.
Nous commémorons ici les camarades Şehîd Gulçiya Gabar et Pelşîn Newroz, qui ont fait preuve d'une résistance inébranlable pendant des années et qui ont récemment rejoint la Caravane des Immortels.
La lutte des femmes au Chili s'est intensifiée ces dernières années. Les manifestations du 8 mars, Journée internationale de la femme, ont clairement montré que le mouvement féministe s'est développé de manière exponentielle. Non seulement le mouvement des femmes s'est élargi, mais il a également renforcé son pouvoir d'organisation avec la création de la Coordination féministe du 8 mars. Plus de trois mille femmes se sont réunies pour discuter du programme et envisager une issue à la situation actuelle. Le mouvement féministe a rendu cette violence visible avec la performance collective "Las Tesis" et le slogan "El violador eres tu" (“Tu es le violeur”), qui a résonné dans toutes les langues du monde.
Ces exemples, les processus de lutte et de résistance en cours, devraient placer les femmes et leurs revendications au centre des analyses et des débats sur la construction d'un monde nouveau.
Avec la répression de la pandémie, on a tenté d'étouffer ces grandes vagues de résistance.
Cependant, les jeunes femmes qui ont démontré leur potentiel de création, de résistance et de solidarité face au capitalisme et à la destruction dans le monde entier, ont non seulement résisté aux politiques néolibérales et réactionnaires mais nous ont aussi montré les possibilités de lutte sociale. Les luttes qui ont émergé à travers des processus similaires dans de nombreuses parties du monde et les diverses alternatives qui ont été créées démontrent l'importance de renforcer la coopération internationale. Ces exemples nous montrent que les femmes qui participent à la lutte en sont l’avant-garde. Dans le processus de transformation révolutionnaire au Rojava et au Moyen-Orient, cette mobilisation des femmes, le mouvement du Jineolojî (science des femmes) et la réalité du confédéralisme démocratique qui a pris forme autour du mouvement de liberté kurde, révèlent la vérité aux femmes du monde entier. La Conférence mondiale des femmes à Berlin est un pas important dans cette direction.
A toutes les jeunes femmes du monde: une nouvelle société est possible. La révolution au Kurdistan est un grand exemple qui ne peut être nié ou ignoré. Il est temps de nous organiser dans ce sens.
- Perspective des jeunes femmes internationalistes
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